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Sublimes méchants / Frédéric Mercier
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A Truffaut lui faisant part de son désarroi concernant "Le Grand Alibi", Hitchcock fit la réponse devenue célèbre : " Pourquoi est-ce qu'aucun personnage n'est réellement en danger ? Parce que nous racontons une histoire dans laquelle ce sont méchants qui ont peur. C'est la grande faiblesse du film, car cela brise la grande règle : plus méchant est le méchant, plus réussi sera le film. " Règle d'or de tout scénariste : pour donner du relief à un film, il faut obtenir un bon méchant. Or la méchanceté, si elle est quantifiable, évolue selon les époques, le contexte et la mauvaise conscience des citoyens. Comme l'écrit Frédérique Ballon dans le dossier qui suit, le méchant " varie selon les dimensions pragmatiques et géopolitiques du moment... " A chaque époque correspond un type de comédiens qui, de Bette Davis à Denis Ménochet en passant par Robert Mitchum et Jean-Pierre Brisson, ont permis d'explorer les zones les plus troubles où l'âme parfois échoue. Néanmoins, il faut se garder d'associer le méchant, ô bien humain !, au diable, incarnation du Mal absolu par quantité de figures diaboliques, fantasmagoriques et chimériques de croque-mitaines qui mériteraient aussi qu'on se penche sur leurs fascinantes sales bobines. Sommaire. Sorcières, marâtres et psychopathes hollywoodiennes. Le méchant en potentat local. Les "méchants troublants" hollywoodiens de l'après-guerre. L'ennemi asiatique dans le film de guerre. Méchants oubliés d'un autre cinéma français. "Préparer un rôle, c'est comme une fouille archéologique", entretien avec Denis Ménochet.
Voir le numéro de la revue «Positif, 747, 05/23»
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