0 avis
Todd Haynes "May December" / Jean-Dominique Nuttens
Article
En faisant mine d'aborder un " sujet de société " à partir d'un fait divers, Todd Haynes revient à l'une de ses obsessions : comment des protagonistes, échappant aux normes sociales, se construisent un monde à part qui les ouvre à leurs propres désirs. Peintre de l'identité féminine et du trouble genré depuis ses débuts, mais aussi maître de l'ironie, le cinéaste américain vient du cinéma underground tout en s'affichant comme continuateur des grands cinéastes hollywoodiens qui surent oeuvrer dans le système pour mieux le questionner ou le subvertir, Douglas Sirk en tête. Avec "May December", il franchit un nouveau cap dans la mise en abyme, puisque le film propose une réflexion sur les faux-semblants de la création, en confrontant sa comédienne fétiche Julianne Moore à un personnage ambivalent d'actrice, interprété par Natalie Portman... qui lui a proposé le projet. Il en découle un fascinant jeu de miroirs, brillamment orchestré derrière son apparent classicisme, qui s'inscrit dans la veine romanesque féconde de "Loin du paradis" (2002) et de "Carol" (2015). Sommaire. Une explosion de l'esprit et des sentiments, la critique du film."Je voulais raconter cette histoire au passé", entretien avec Todd Haynes.
Voir le numéro de la revue «Positif, 755, 01/24»
Autres articles du numéro «Positif»