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"Les domestiques vivent la richesse de leurs employeurs par procuration" / Naïri Nahapétian
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Chez les domestiques des ultrariches, la possibilité de devenir un transfuge de classe permet de tenir. Car le métier n'est pas de tout repos. Il oblige souvent à être à la disposition des employeurs jour et nuit. Pénétrer dans l'univers feutré des grandes fortunes et de leurs employés de maison, c'est ce qu'a fait Alizée Del pierre, sociologue et enseignante, rattachée au Centre de sociologie des organisations (Sciences Po-CNRS). Son ouvrage, "Servir les riches" (La Découverte, 2022), ausculte la grande hétérogénéité de ces personnels de maison, qui ne s'organisent pas collectivement et font l'objet d'une exploitation dorée dont les manifestations sont diverses. A commencer par le caractère paternaliste de cette relation de travail. Les employeurs sont souvent enclins à une essentialisation raciale, et les corps, en particulier ceux des femmes, doivent être invisibilisés. Plongée au coeur d'un monde où cohabitent les rapports de domination et l'espoir que cet investissement sans limite dans le travail en vaille la peine, ce que la chercheuse appelle l'illusion de la domesticité.
Voir le numéro de la revue «Alternatives économiques, 430, 01/23»
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