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Faut-il abolir l'anonymat sur les réseaux sociaux ? / Thierry Noisette
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Pourquoi un citoyen apparemment bien sous tous rapports se transforme-t-il parfois en machine à haine, à invectives ou à harcèlement quand il agit sur les réseaux sociaux ? Peut-être parce qu'il se sent protégé par un supposé anonymat numérique. Il suffirait donc de supprimer ce dernier pour que cesse le sentiment d'impunité : tel est le raisonnement qui présidait à des amendements déposés sur un texte touffu, le projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique (Sren), voté le 17 octobre en première lecture à l'Assemblée nationale. Le député Renaissance Paul Midy, soutenu par près de 200 de ses collègues, souhaitait obliger dans les prochaines années les réseaux sociaux français à proposer des "comptes certifiés". Lesquels seraient arrimés à une identité numérique officielle et obligatoire, qui ressemblerait à une plaque d'immatriculation d'internaute. Le réseau ne connaîtrait de l'utilisateur que son numéro d'identité, mais ce dernier permettrait à la police ou à la gendarmerie de retrouver le titulaire du compte, si la justice l'ordonnait. D'apparence technique, le projet Sren se révèle en réalité très politique, mettant enjeu nos libertés publiques. Toutes les identités des internautes doivent-elles en effet être connues et stockées par une entreprise ou un organisme agréé ? Qui aurait accès à ces fichiers ? Avec quelles protections ? Derrière la volonté de lutter contre la haine, ce texte n'entraînerait-il pas une forme de régulation liberticide de la parole ? Ce débat soulève ainsi de multiples questions mais pour le moment, l'opinion publique n'y a pas été associée.
Voir le numéro de la revue «L' Obs, 3083, 02/11/23»
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