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La Justice internationale est-elle encore utile ? / Renaud Février
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"Je suis profondément préoccupé par les violations du droit humanitaire international dont nous sommes clairement témoins à Gaza" : la sanction n'est pas signée d'un illustre inconnu, mais du secrétaire général des Nations Unes, Antonio Guterres. Le Portugais est loin d'être le seul à en appeler au droit international. Dès le 11 novembre, Emmanuel Macron exhortait Israël à adapter sa "réaction dans la lutte contre le terrorisme" pour qu'elle soit "conforme au droit international humanitaire". Ni l'un ni l'autre n'ont réussi à infléchir l'ampleur de la réaction israélienne aux massacres du Hamas du 7 octobre dernier, qui a déjà fait plus de 18 000 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des femmes et des enfants, selon des chiffres du Ramas. Les images de l'attaque de 7 octobre puis, très rapidement, celles des écoles, hôpitaux ou lieux de culte bombardés à Gaza ont conduit nombre de commentateurs, politiques ou militants, à considérer que la justice internationale et son bras armé, la Cour pénale internationale (CPI), ne sont plus que des abstractions. Invoqué à longueur de tribunes ou de débats télévisés, le droit international semble en effet impuissant à mettre fin à la guerre de Gaza, ou à en limiter les conséquences, comme en Ukraine ou au Yémen. Faut-il dès lors acter l'échec d'un droit international sorti renforcé de la Seconde Guerre mondiale ? Faut-il accabler la CPI, instaurée par le statut de Rome en 1998 ? La question, éminemment politique, nécessite surtout d'interroger le fonctionnement d'un droit intrinsèquement imparfait, car reposant sur les rapports de force mondiaux.
Voir le numéro de la revue «L' Obs, 3089, 14/12/23»
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