0 avis
Molly Manning Walker "How to Have Sex" / Ariane Allard
Article
Le fait que Molly Manning Walker se soit d'abord fait connaître comme directrice de la photo (métier qu'elle poursuit en parallèle de la mise en scène) est intéressant pour mesurer la réussite de son premier long métrage, "How to Have Sex", présenté et primé dans la section "Un certain regard du dernier Festival de Cannes" : la maîtrise de l'image dans toutes ses composantes (fluidité de la caméra, intensité des cadrages épousant l'empathie avec son héroïne, choix audacieux de lumière et de couleurs) contribue grandement à la réussite de l'oeuvre. Mais son " regard " ne se limite pas à la virtuosité formelle. Ainsi se montre-t-elle experte en direction d'acteurs et surtout d'actrices, au service d'un récit qui désamorce la provocation du titre : à partir de la banalité apparente d'un film d'ados qui veulent " s'éclater " en vacances, la cinéaste nous plonge de façon troublante dans l'esprit d'une jeune fille dont la jovialité naturelle fait place à des émotions plus complexes. Entre l'injonction de séduire, l'ambiguïté du désir et l'insécurité du passage à l'âge adulte, le mental de la protagoniste (Mia McKenna-Bruce, une révélation) envahit l'espace filmique de façon quasi expressionniste. Tout en posant des questions très actuelles comme le consentement, la représentation de genre et la pression sociale qui encourage les stéréotypes, la réalisatrice frondeuse se défie de tout jugement et affiche crânement sa liberté. Sommaire. Âge tendre et gueule de bois, la critique du film. "J'adore les imprévus", entretien avec Molly Manning Walker.
Voir le numéro de la revue «Positif, 753, 11/23»
Autres articles du numéro «Positif»